Le Dilemme du Locataire, quand les appareils connectés ne sont pas les bienvenus

Le nombre d’appareils connectés est en augmentation, mais tout le monde n’en est pas fan. Bien que la plupart des gens aient la possibilité d’introduire volontairement ces appareils dans leur maison et dans leur vie, certaines personnes n’ont pas le choix. C’est le cas des locataires dont les propriétaires les installent sans accord ni préavis.

Un locataire de Denver, dans le Colorado, cherche à obtenir – sur le réseau social Reddit – des conseils juridiques sur une situation inattendue : lorsqu’il était absent, son propriétaire est entré dans l’appartement et a installé sans son consentement un ensemble de dispositifs pour foyer connecté. Lorsque le locataire est revenu, son proprio a déclaré qu’un avenant au bail devait être signé. Le locataire a alors imaginé le genre d’abus que ces appareils pouvaient potentiellement causer.

Le locataire écrit que le propriétaire avait remplacé la serrure de la porte, les prises et interrupteurs, le thermostat et le détecteur d’eau par des appareils connectés. Le locataire n’a pas eu le choix de ne pas les faire installer, mais au contraire devait apposer sa signature en bas d’un contrat, en déclarant qu’il les avait demandés.

Le dilemme du locataire est donc le suivant : il aime son appartement et ne veut pas partir. Parallèlement, l’avenant indique clairement que les appareils connectés nouvellement installés collecteront des données et les partageront avec des tiers, y compris des informations potentiellement sensibles, comme le nombre de personnes qui franchissent la porte et l’heure de passage.

“Partage d’informations : les informations anonymisées et agrégées collectées par le Service peuvent être partagées avec des tiers à des fins d’analyse comparative énergétique, de détermination de la qualité de service, de recherche et de développement de produits”, lit-on dans une partie de l’avenant au contrat de location. “Les destinataires de ces informations peuvent inclure, sans toutefois s’y limiter, des fabricants d’équipements, des consultants, des établissements d’enseignement, des services publics, des sponsors d’études et des agences gouvernementales.”

En plus de cette atteinte à la vie privée, l’entrée par effraction est un autre risque associé aux serrures de porte connectés. Au début de l’année, Leslie Carhart, professionnelle de la sécurité, a fait part de son inquiétude lorsque son propriétaire a décidé de «forcer» le passage à des serrures connectées en réseau. Les rapports publiés au fil des ans illustrent à quel point il est facile d’en contourner beaucoup. Une étude récente est disponible ici.

Les serrures ne sont pas les seuls objets connectés en cause : les compteurs connectés qui envoient la consommation électrique en temps réel peuvent indiquer si le propriétaire est chez lui ou non. Bien sûr, les différentes technologies de l’Internet des Objets (IoT) ne sont pas toutes identiques, mais il est difficile d’imaginer que les propriétaires puissent prendre une décision éclairée en la matière sans affecter la vie privée et la sécurité de leurs locataires.

Dans ces exemples, le locataire ne peut refuser de signer l’avenant sans risquer d’être expulsé une fois le bail expiré, ni le signer et accepter une atteinte aussi flagrante à la vie privée, en particulier s’il n’a pas demandé l’installation. Bien évidemment, le propriétaire peut les installer s’il le souhaite, l’appartement étant sa propriété. Avec un bail en cours, cependant, il n’est probablement pas légal de le faire sans le consentement du locataire.

Les dispositifs de maison connectée sont conçus pour réduire le gaspillage tant pour le consommateur que pour le fournisseur, et offrent une vision plus précise de la consommation des ressources. Mais dans les situations que nous venons d’évoquer, ils ne se mettent plus au service du locataire, qui se retrouve devant un choix cornélien lui imposant des sacrifices.