Les amis de mes amis sont mes amis...

 Mais en réalité, qui sont vraiment mes amis ?

Commençons par remonter jusqu’à la Grèce Antique et à la théorie soutenue à l’époque sur l’amitié (puisque depuis les Grecs, rien de nouveau sous le soleil). Selon Aristote, il existe trois types d’amitié : l’amitié fondée sur l’intérêt (vous vous souvenez du « mutualisme » en biologie ?), l’amitié fondée sur le plaisir (lorsque vous appréciez la compagnie d’une autre personne) et celle fondée sur la vertu.

L’amitié fondée sur la vertu était considérée comme étant la seule véritable amitié, qui unit deux hommes de bien, c’est-à-dire des individus vertueux. Chacun aime ce qui est bon en lui et ce qui est bon chez son ami. Ils ont la même vision de ce qu’est une vie épanouissante et chacun aide l’autre à atteindre cet objectif. Mais une telle relation nécessite du temps, une connaissance de l’autre, de la confiance, de la prévenance et, bien sûr, de la vertu.

Maintenant que nous avons cette « théorie sur l’amitié » en tête, essayons de répondre à la question suivante : quel type d’amis avons-nous sur un réseau social en ligne ?

Dans cet environnement, l’amitié est assurément fondée sur le plaisir et sur l’intérêt. Et la vertu dans tout ça ? Honnêtement, je doute qu’elle soit présente ici. Alors, pourquoi ai-je des amis sur Facebook ? Qui sont ces amis ? Combien d’amis dois-je avoir pour me sentir bien ? Et enfin… s’agit-il ‘vraiment’ d’amis ?

Pour en savoir plus sur les amis des réseaux sociaux et sur la façon dont nous percevons ce concept, une étude a été réalisée sur Facebook, auprès d’un échantillon de 2 713 personnes (âgées de 18 à 65 ans). Cette étude n’est pas représentative de l’ensemble du réseau Facebook qui est énorme (en nombre d’utilisateurs actifs). Considérez-la comme un essai sur la sagesse humaine, sur les concepts d’ « amis » et d’ « amitié » sur un réseau social.

La première question de l’enquête portait sur le nombre d’amis des personnes du panel et sur qui ils étaient. Le nombre moyen d’amis s’élevait à 137 par utilisateur, généralement des (anciens) collègues et camarades de classe (83%), d’autres amis travaillant dans le même secteur (64%) et des inconnus (42%). Et oui, sur un réseau social, même des inconnus peuvent être vos amis !

Voici une étrange forme d’amitié : lorsqu’on a demandé aux personnes interrogées si elles ignoraient des messages de leurs amis (à l’aide de l’option Facebook permettant de masquer des publications), la plupart (89%) ont répondu que oui. Ainsi donc nous sommes amis, mais je n’aime pas tes posts et je les fais disparaître. Quoi de plus naturel ?

Pourquoi masquer les publications d’amis ? Les raisons invoquées sont multiples : « parce que je n’aime pas mes amis » (32%), « parce qu’ils publient des images avec leurs enfants alors que je ne peux pas avoir d’enfants, et que je suis jaloux » (42%), « parce qu’ils publient trop de messages liés à des jeux (Farmville, etc.) (28%), « Je les masque car ils utilisent toujours des majuscules et trop de points d’exclamation » (18%), « ils publient trop de messages » (63%).

Lorsqu’on leur a demandé si elles avaient déjà remarqué des publications d’une application suspecte sur le mur de leurs amis (vous savez, des messages promettant de vous faire découvrir « qui a vu votre profil », « combien de clics… »), une écrasante majorité des personnes interrogées (87%) ont affirmé avoir déjà vu ce type de messages.

Mais l’amitié a ses limites n’est-ce pas ? Seulement 43% de ces personnes vigilantes ont prévenu leurs amis de la présence de ces « fausses » applications. 57% ne l’ont pas fait. Pourquoi ? Pour la majorité, parce qu’elles ignoraient qu’il s’agissait d’une fausse application et car elles l’ont testée elles aussi (et ont donc contribué à sa diffusion) (68%). La deuxième raison, c’est le manque de temps (pour 25% d’entre elles). Enfin, d’autres personnes ne souhaitaient tout simplement pas avertir leurs amis (7%).

Nous sommes maintenant parvenus à la dernière question de l’étude, concernant l’utilisation d’une solution de sécurité pour Facebook. 93% des personnes interrogées ont répondu ne pas en utiliser (elles considèrent qu’elles n’ont pas besoin d’une solution de sécurité pour Facebook ou ignorent l’existence de telles solutions), ce qui signifie que leurs comptes ne sont pas protégés.

En attendant la prochaine étude, prenez soin de vous (dans la vie réelle et sur Internet) et bon surf à tous !